FabLab solidaire : les Makers se mobilisent
Publié le 20 avril 2020En cette période de crise sanitaire, les makers se regroupent et de nombreux FabLab se fédèrent pour fabriquer des matériels de protection. Le FabLab ETOILE porté par Télécom SudParis, en partenariat avec l’ENSIIE et IMT-BS, participe à l’élan de solidarité en fabriquant des visières compatibles avec le port d'un masque FFP2.
Objectif : fabriquer des protections de visage pour personnels soignants
Au début du confinement, les “makers”, c’est-à-dire des gens qui aiment fabriquer et possèdent une imprimante 3D, ont commencé à se regrouper. Leur objectif : fabriquer des protections de visage pour personnels soignants. Une sorte de serre-tête en plastique est réalisé, sur lequel on ajoute un intercalaire transparent pour protéger des projections de salive par exemple.
Quel modèle privilégier parmi tous ceux qui fleurissent ? Celui avec un élastique qui offre un port confortable, la feuille plastique étant loin du visage ? Celui dit "à moustache", qui se porte un peu comme des lunettes ? Celui qui ne nécessite pas d’élastique ? Celui qui a un système de clips ? Celui qui est le plus durable ? Celui dont l’impression est rapide, économe en matière première et de faible coût ? En tout état de cause, prendre un modèle validé par les hôpitaux. Au final, en fonction des performances des imprimantes 3D et des besoins exprimés par le CHSF (Centre Hospitalier Sud Francilien), c’est le modèle à élastique qui a été retenu et la fabrication des visières à Télécom SudParis commence.
Mobiliser et organiser les bénévoles
L’organisation s’est vite mise en place. Notre réseau interne a fonctionné. « C’est Franck qui m’a contacté et j’ai été immédiatement partant » dit Florian Grante, diplômé ingénieur de Télécom SudParis 2019 et actuellement doctorant. Les imprimantes 3D du Fablab ETOILE ont été redistribuées chez chaque maker, afin d’éviter les déplacements et les contacts inutiles. « Avec 4 imprimantes 3D opérationnelles, nous produisons une centaine d’unités par semaine. » nous précise Franck Gillet, ingénieur R&D Plateforme chez Télécom SudParis et responsable du FabLab ETOILE.
Une première livraison est faite au Conservatoire de musique d’Evry-Courcouronnes, véritable QG géré par le Grand Paris Sud. Il permet de centraliser les matériels et matières premières. C’est le point de collecte. Les bénévoles, dont de nombreux étudiants de Télécom SudParis qui apportent leur aide, comptent, dispatchent les visières par « client », puis les livrent montées ou non selon les besoins.
Une mise en place qui s’étend aux FabLab du territoire
Un élan qui s’étend rapidement à l’ensemble des FabLab du territoire. Ceux-ci, qui collaborent d’ores et déjà sur la mise en réseau de leurs outils et de leurs compétences, ont naturellement échangé sur leur projet et convergé vers un modèle de visière.
Aujourd’hui coordonnés autour de l’Agglomération Grand Paris Sud et Genopole ce sont plus d’une vingtaine d’entreprises, de laboratoires, de grandes écoles, d’universités qui fabriquent des visières à l’aide d’imprimantes 3D : SAFRAN, Icam Paris-Sénart, Dronetix, Studio Oracle, Université d’Evry, IUT d’Evry, IUT de Sénart-Fontainebleau, Centre des Matériaux MINES ParisTech, Planète Sciences, X-FAB, Faculté des Métiers de l’Essonne, Composite Industrie et le Fablab ETOILE de Télécom SudParis et ENSIIE. De nombreux dons viennent également soutenir le projet, comme par exemple Auchan, géant de la grande distribution, qui a fourni des centaines de visières.
Le Centre Hospitalier Sud-Francilien de Corbeil-Essonnes a passé une première commande de 500 visières. Mais ce nombre va rapidement croître puisque cet hôpital va centraliser les besoins de tous les hôpitaux de la région Ile-de-France. S’ajoutent déjà les 300 visières commandées par la Fondation Podatz, 150 pour les agents de la voirie et 150 pour les commerçants de proximité de la ville d’Evry-Courcouronnes. La stratégie est de privilégier le territoire local pour des raisons logistiques et de traçabilité.
Des makers à suivre
