L’Intelligence artificielle face au défi des voitures autonomes

Télécom SudParis

Utopique il y a encore quelques années, la voiture autonome s’invite aujourd’hui à la table des débats et dans les travaux des chercheurs. Lundi 11 octobre 2021, avait lieu un webinaire sur la question, et sur les défis technologiques qu’elle pose. A cette occasion, nous avons rencontré Hossam AFIFI, enseignant à Télécom SudParis et membre du laboratoire SAMOVAR.

Pouvez-vous présenter vos travaux du moment ?

Hossam AFIFI : Avec les autres membres du laboratoire SAMOVAR, nous travaillons sur les réseaux de neurones. D’ailleurs, nous avons obtenu une bourse qui nous a permis d’écrire une thèse sur le sujet. Nos recherches sont axées sur l’aspect des séries temporelles, avec lesquelles nous faisons des prédictions avec des jeux de données. Avec ces prédictions on peut optimiser les réseaux de télécoms, d’énergie, de consommation, etc... Par exemple, on se pose des questions sur le fait de savoir comment on peut optimiser la consommation des foyers, grâce à des prédictions.

Qu’est-ce que le réseau de neurones ?

H.A : Un réseau de neurones, c’est une combinaison de cases de mémoire qui constituent un système. Cette dernière prend en entrée des objets différents, comme des images ou des données et en sortie, il va être capable de reconnaître ces objets. C’est-à-dire que le système de neurone est capable de les classer ou faire des prédictions sur leur futur.

L’IA va-t-elle faire basculer nos modes de transport ? va-t-elle conduire à un mode de transport totalement automatisé ?

H.A : Aujourd’hui, il y a déjà beaucoup d'outils que l’on utilise pour automatiser la conduite. Par exemple, on utilise beaucoup Google Maps ou Waze et cette dernière est très fortement basée sur l’IA. C’est-à-dire, il va prendre en entrée les informations sur la localisation de votre véhicule et la destination que vous désirez avoir. Par rapport à son expérience, il va savoir prédire les délais et embouteillages que vous aurez sur votre trajet.

Aujourd’hui on a déjà beaucoup d’utilisation des réseaux de neurones. Après dans le véhicule lui-même, il y en a déjà certaines qui ont une conduite automatisée, comme Nissan. C’est-à-dire des véhicules capables de suivre d’autres véhicules et de garder la distance. Si ça freine, ça freine et si ça accélère il suit aussi. Le tout est basé sur l’IA, car il faut déjà reconnaître la présence des voitures, ensuite il faut un système adaptatif à la vitesse des voitures de devant. Si vous mettez un vélo ou une moto devant le véhicule, il doit être capable de réagir de la même manière.

L’intelligence artificielle joue déjà un rôle important dans les modèles autonomes d’aujourd’hui. Maintenant, ce qui n’est pas encore tout à fait acté, c’est la conduite de manière 100% autonome.

A quand la première voiture autonome ?

H.A : On a déjà des camions autonomes qui circulent, mais sur des axes qui leur sont propres. Après, il y a des constructeurs comme Tesla qui commercialisent des véhicules totalement autonomes. La voiture suit celle qui la précède et le conducteur ne doit toucher le volant que toutes les 30 secondes. Certains journalistes qui ont testé ces voitures, ont relevé que dans les situations compliquées, elle s’arrêtait et cherchait à se mettre en sécurité sur le bas-côté. De nombreux accidents ont ainsi été causés, c’est très dangereux mais on avance petit à petit.

Comment les chercheurs peuvent-ils faire pour rendre la voiture infaillible ?

H.A : De nos jours, avec le réseau de neurones on peut suivre une voiture dans des conditions optimales. Mais avoir que des voitures autonomes, à mon avis cela semble trop difficile. J’explique, en conduisant il faut être capable de réagir à tous les problèmes qui se présentent face à nous, aujourd’hui il en a des milliers. Certaines anomalies rencontrées sur le trajet font appel au raisonnement de l’homme, et à l’heure actuelle rien ne peut remplacer ça.

Dans des situations stressantes, l’être humain panique, et parfois ça arrive qu’on s’arrête car on ne sait plus quoi faire. Donc si même l’homme ne trouve pas les solutions pour se sortir d’un problème en conduisant, ce n’est pas la machine avec un réseau de neurones qui le pourra.

De plus, quand les situations sont trop compliquées, pluies, neiges, tempêtes, fortes lumières, il peut arriver que la perception et la réactivité de l’algorithme soient altérées. De nombreux accidents ont déjà eu lieu comme ça.

Attention, si vous utilisez les voitures d’ici (campus de Saclay), ce sont des Renault équipées de Lidar. C’est un laser à longue portée, qui a pour avantage de ne pas être gêné par la lumière en contre-jour. En revanche, il a aussi des problèmes quand il pleut.

La voiture autonome peut-elle représenter un danger ?

H.A : Bien sûr, c’est pour ça qu’aujourd’hui, ces mécanismes ne fonctionnent pas tout le temps. Par exemple, si vous prenez l’application de parking automatique, même dans les voitures les plus sophistiquées, vous avez deux coups sur trois où elle ne sera pas garée. En effet, pour effectuer cette manœuvre elle doit trouver des repères. Ces dernières sont en général les lignes de marquage au sol ou les voitures garées à côté. Mais bien souvent comme vous le savez les lignes sont effacées ou les voitures mal garées donc tout cela gêne le système. C’est pourquoi les fabricants de voitures vous laissent le choix de désactiver cette option pour vous éviter les accidents.

Comme tous les outils informatiques, le système intégré à la voiture peut-il être victime de bug ou de cyber attaque ?

H.A : Bien sûr, il peut y avoir des bugs ou des attaques de cyber sécurité. Vous avez l’exemple de Jeep en Amérique, où des hackers ont pris le contrôle de la voiture et l’ont fait aller dans le ravin. C’est des bugs dans le logiciel qui vont permettre de prendre le contrôle de la voiture et la faire se dévier de son chemin. Dès que vous avez certaines applications, vous pouvez être victime de piratage, car les hackers prennent le contrôle de l’architecture de la voiture à distance.

 

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