Smart Energy Aware System (SEAS) révolutionne le marché de l’énergie

Télécom SudParis

Smart Energy Aware System (SEAS) est un projet de recherche européen visant à optimiser, à grande échelle, la consommation globale d’énergie. Il a réuni pendant 3 ans des partenaires industriels et académiques, dont l’Institut Mines-Télécom, de 7 pays européens.

SEAS a remporté le 11 mai dernier un « ITEA Award », prix d’excellence au Digital Innovation Forum 2017, à Amsterdam. Ce prix distingue la pertinence de l’innovation en termes d’impact sur l’industrie.

Comprendre le projet en 4 mn

SEAS vise à optimiser la consommation globale d’énergie :

  • en permettant à l’ensemble des acteurs du marché de l’électricité d’interagir en temps réel avec les systèmes de production et de consommation ;
  • en proposant des solutions pour que les systèmes électriques, et les services associés, soient interopérables et puissent être combinés (interagir) afin de contribuer à l’amélioration de la performance globale des réseaux électriques.

Pour cela, les chercheurs mettent en correspondance les standards utilisés dans les domaines de l’énergie, des communications machines à machine (M2M), de l’Internet des Objets (IoT), de la modélisation et de l’analyse sémantique (ontologies et interopérabilité sémantique incluses), du véhicule électrique, du smart home et du smart building.

L’intérêt ? Les objets et services communiqueront entre eux pour mieux redistribuer l’énergie, et dans le même temps, augmenter les possibilités de gestion offertes aux particuliers et aux entreprises.

SEAS formalise et standardise un langage sémantique commun qui permettra à chaque entité d’interpréter un message donné ainsi qu’une donnée/information d’énergie de la même manière. Chaque objet aura une adresse URL associée, vers laquelle il sera possible d’aller afin d’obtenir des informations sur celui-ci, notamment pour savoir ce qu’il offre et comment communiquer avec lui. Ce modèle de données de référence SEAS (c’est-à-dire ses ontologies modulaires associées) est en accès libre sur le site https://www.the-smart-energy.com.

SEAS bénéficiera à tous les utilisateurs :

  • Les particuliers pourront choisir, selon le prix de l’électricité, à quelles heures il leur sera plus économique de charger leur voiture, par exemple ;
  • les perspectives de gestion intelligente de l’énergie dépassent le cadre individuel. La production des panneaux solaires d’un pavillon dont les habitants sont absents pourrait, par exemple, alimenter le quartier (hors réseau ou off grid) ou le réseau et ainsi décharger la demande sur une centrale située à une centaine de kilomètres (délestage);
  • enfin, les entreprises sont intéressées : éteindre des machines non essentielles à leurs services (contre une rétribution de la part des acteurs chargés de cet « effacement de consommation ») sera très avantageux.

Les résultats du projet SEAS pourront changer la donne sur tous les plans : de la maison, pour coordonner les appareils entre eux ; au quartier, en permettant de redistribuer l’énergie produite par chaque particulier en fonction de la demande des voisins ; à une dimension régionale voire nationale, « en coordonnant des effacements de consommation globaux pour délester les réseaux, en cas de périodes de grand froid par exemple ».

Interview

Marc Girod Genet, Maître de Conférences au département RS2M de Télécom SudParis.

« Ce projet, précise Marc, fonctionne notamment grâce à son modèle de référence, ainsi qu’à ses mécanismes et à son architecture de gestion d’interopérabilité. Le modèle de données spécifié et formalisé permet de décrire n’importe quel type de données/d’informations d’énergie. Les différents systèmes d’énergie interagissent : (électricité, réseaux de chaleur, eau) créant une gestion distribuée optimisée, avec intégration de flexibilité.
Aujourd’hui, l’énergie produite qui n’est pas consommée est perdue. Grâce aux avancées technologiques SEAS, l’énergie produite (énergie renouvelable incluse) sera optimisée. Denouveaux marchés de l’intermédiation de services énergétiques pourront enfin émerger.

Le système SEAS est mis en œuvre au sein des 16 démonstrateurs du projet en Europe (Finlande, France, Portugal et Turquie). Il est expérimenté par des partenaires industriels, notamment finlandais, avec Empower : gestion d’efficacité énergétique de quartiers fonctionnant en auto-suffisance, avec intégration de renouvelables et de stockage local d’énergie».

« Notre objectif, reprend Marc, est maintenant le suivant : Avec Maxime Lefrançois (Mines Saint-Etienne), qui a formalisé le modèle de données actuel et les ontologies modulaires SEAS, et Guillaume Habaut (Télécom Bretagne), qui a spécifié l’architecture IoT de référence SEAS (SEAS SRAM), nous allons rendre les résultats du projet SEAS visibles et en imposer une partie dans les différentes alliances de standardisation.

Nous voulons créer une association à but non lucratif, d’alliance autour des acteurs de l’énergie.

Et ensuite, industrialiser, faire suivre, mettre à jour et imposer ce modèle.
Le développement est d’ailleurs en cours auprès des partenaires. Engie commence à utiliser ce modèle au niveau industriel. Un Consortium se constitue pour récupérer le modèle de données. Notre souhait, une fois le travail sur la standardisation terminé, est qu’il devienne l’architecture de référence utilisée en Europe pour les acteurs de l’énergie. »

Marc Girod-Genet était impliqué dans l’écriture du projet pour l’IMT. Il est intervenu sur la structuration du modèle de données sémantiques SEAS et a travaillé à la définition des pré-requis de l’architecture distribuée.
Impliqué sur la valorisation des résultats des projets, il va coordonner les activités de standardisation et de valorisation des résultats du projet SEAS pour l’ETSI (European Télécommunications Standards Institut).
Enfin, il représente l’IMT dans le groupe de travail sur la standardisation –interopérabilité sémantique et architecture IOT de haut niveau – auprès de l’AIOTI (Alliance for Internet Of Thing Innovation).

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